Un tango pour Lautrec de Julio Cortázar

Lecture dessinée avec Solange Bazely, voix et Nelly Baron, dessin en direct – 1h – Création 2023

TEASER

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LE SPECTACLE

Et si Toulouse-Lautrec était allé à Buenos Aires ?

C’est l’hypothèse que formule l’écrivain franco-argentin Julio Cortázar dans son merveilleux texte Un Gotán pour Lautrec publié en 1980. Entre fiction et réalité, il rapproche le sujet de prédilection de Toulouse-Lautrec, les maisons closes, et l’univers du tango, qui s’est beaucoup développé au XIXe siècle dans un contexte de prostitution.

Il s’appuie sur le célèbre tableau de Toulouse-Lautrec exposé au musée d’Albi, Le Salon de la rue des Moulins, où l’on aperçoit une prostituée nommée Mireille, un des modèles favoris de Toulouse-Lautrec.

On y voit, au premier plan, l’une des pensionnaires assise sur un sofa rouge et regardant au loin, le profil un peu perdu dans la distraction ou dans l’attente du prochain client. […] Cette femme s’appelait Mireille; elle fut l’une des bonnes amies de Toulouse-Lautrec.

Mireille partit un jour tenter sa chance en Argentine mais ne revint jamais…
Elle connut certainement le tango, et Cortázar suppose qu’elle inspira ce texte interprété par Carlos Gardel, que l’on entendra :

Te rappelles-tu, vieux frère, de la blonde Mireya ?*

Entre deux citations de paroles originales de tangos, Cortázar imagine des destins qui traversent l’Atlantique en mettant en scène la figure de la prostituée, très récurrente dans les paroles de tango : Margot, Yvette, Yvonne, Margarita et Griseta.

Combien de parallèles, de rencontres réelles ou imaginaires, dans ce Buenos Aires d’autrefois, si proche du Montmartre et du Moulin Rouge qu’affectionnait Lautrec !

Le spectateur est plongé dans l’univers graphique du célèbre peintre, incarné par la dessinatrice Nelly Baron : croquis sur le vif, peintures à l’huile et affiches dans le style des lithographies de Toulouse-Lautrec, sont exécutés sous l’œil d’une caméra qui capte tous les gestes en direct.

Projeté sur grand écran, le spectateur assiste fasciné à tout le processus de création !

Porté par la voix chaleureuse de Solange Bazely, la lecture du texte de Cortázar devient un voyage grâce à la bande sonore créée spécialement pour le spectacle. Entre tangos chantés en langue originale (espagnol), ambiances sonores et thèmes à la guitare, le spectateur est transporté dans l’ambiance sud-américaine du début du XXe siècle.

Interprétée par le duo féminin, cette lecture dessinée est un spectacle aux multiples facettes. Il révèle la richesse et la profondeur du texte de Cortázar et offre un regard inédit sur l’art de Toulouse-Lautrec, à travers les thèmes de la migration et de l’exil, des influences entre la culture française et sud-américaine.

Une expérience insolite qui saura attirer les amateurs de peinture, de littérature et de tango !

DÉCOUVREZ SANS ATTENDRE DES EXTRAITS DU SPECTACLE EN CREATION

EXTRAITS DU TEXTE

Lautrec et nous : Il n’alla jamais en Argentine et pourquoi y serait-il allé ? […] Montmartre lui suffisait pour se sentir au centre du monde, qu’il soit dans un bordel de luxe ou au Moulin-Rouge vers où convergeaient les voyages nostalgiques, les danseuses, les poètes, les étoiles du cirque et les puissants de la terre. Il connut nos fils à papa, les fils des anciens ou des nouveaux riches du Rio de la Plata qui débarquaient en France pour parfaire leur éducation sentimentale et préparer ce retour qui allait leur donner un diplôme non écrit mais plus prestigieux que celui des universités. Il dut à peine les remarquer, car il était né avant la génération qui viendrait à Paris non seulement pour mener la grande vie mais aussi pour y triompher, en jetant l’argent par les fenêtres et en se sauvant la mise grâce à une arme imparable : le tango.

Dommage pour lui et pour nous ! Mais les jeux du temps et du contre-temps sont infinis et nous, Argentins, entrevoyons aujourd’hui d’autres liens entre Lautrec et nous, entre son monde et celui de Buenos Aires. Curieusement, superbement, le tango est un pont entre les deux, un pont par lequel passent des femmes, des poètes et des destins tragiques. Il y a deux façons d’aborder Lautrec : celle de l’amateur qui regarde ses toiles dans les musées et celle du type qui sifflote de vieux tangos sans penser du tout à lui. La première façon est celle des gens cultivés; nous aimerions, ici, aborder la seconde, moitié imaginaire et moitié vraie.

Mireille part pour l’Argentine : Il y a au musée d’Albi une des plus belles toiles de Toulouse- Lautrec, Le salon de la rue des Moulins, peinte en 1884 dans le bordel où l’artiste faisait de longs séjours. On y voit, au premier plan, l’une des pensionnaires assise sur un sofa rouge et regardant au loin, le profil un peu perdu dans la distraction ou dans l’attente du prochain client, une jambe tendue et l’autre repliée. Les cheveux blond-roux, le cou puissant, la masse du corps devinée sous une robe qui semble plutôt être une chemise de nuit transparente, les bas d’un vert presque noir, tout en elle répond aux canons de l’époque. […] Cette femme s’appelait Mireille; elle fut l’une des bonnes amies de Toulouse-Lautrec.

Revers et fin de médaille : Je pense que les marchands de viande durent aussi dire à Mireille qu’une blonde aux yeux bleus aurait du succès à Buenos Aires; la fin des deux histoires est qu’il reste d’elle sans doute quelques tangos et de lui cette anecdote. Mais je pense qu’en voilà assez. Si nous allions dormir, monsieur Lautrec ?

LES ARTISTES SUR SCENE

Experte reconnue de la culture argentine depuis 1992, Solange Bazely utilise sa voix pour transmettre ses connaissances lors de conférences, de lectures à voix haute, de visites guidées et de spectacles.

“Piazzolla x 2“, créé en 2020 avec le musicien Hubert Plessis, a conquis le public et continue sa route après plus de 20 représentations https://culture-tango.com/piazzollax2/, notamment à la scène nationale d’Albi.

Avec “Un tango pour Lautrec“, elle interprète le texte de Julio Cortázar dont elle se sent proche artistiquement.

Elle a collaboré à de nombreux projets en France (Cité de la Musique, Théâtre National de Chaillot, Salle Pleyel, Universal) et à l’international (Université de Genève, Festival de Granada).

D’une curiosité tous azimuts, elle danse, écrit, rencontre, interviewe, lit, écoute, chante, voyage, traduit… à l’Opéra de Bordeaux, de Lyon et dans tous les grands festivals de tango en France, ainsi que dans de nombreuses médiathèques et lors de visioconférences remarquées.

Son site : www.culture-tango.com

Nelly Baron est illustratrice, auteure de BD et enseignante en arts plastiques sur Bordeaux. Spécialisée depuis plusieurs années dans l’exercice de la performance dessinée en public, Nelly Baron a créé plusieurs spectacles intégrant cette discipline, s’emparant de ce nouveau mode d’expression dans l’air du temps.

Que ce soit à l’Opéra de Bordeaux, lors d’un concert dessiné au festival Tangopostale à Toulouse, ou lors d’un trio mêlant chant, musique et dessins autour des frères Gerschwin, cela a été à chaque fois une véritable révélation pour le public.

Passionnée de tango depuis son adolescence, c’est tout naturellement qu’elle y consacre un album de bande-dessinée : La Vie est un Tango, paru en 2019, dont le succès critique et commercial a conduit à plusieurs rééditions.

Henri de Toulouse-lautrec compte parmi les artistes qui l’ont inspirée et influencée. Entre tango, peinture, et dessin en live, “Un tango pour Lautrec“ est la synthèse de ses aspirations et de ses aptitudes.

Le site de sa BD : https://lavieestuntango.com Instagram : nelly_baron_illustration

LES INSPIRATEURS

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) naît à Albi, d’une famille issue de la plus ancienne noblesse provinciale. Lautrec souffre d’une maladie osseuse d’origine congénitale, probablement due au mariage consanguin de ses parents. Elle oriente définitivement la destinée du jeune homme. Immobilisé de longs mois, il occupe ses journées en dessinant puis en peignant. Il développe ainsi un goût largement répandu dans son entourage, et un don qu’il avait manifesté très jeune, jusqu’à en faire sa vocation. Son immersion dans la vie parisienne achève sa mutation. Confronté à tous les mouvements artistiques, il s’engage dans la modernité et devient acteur, autant que témoin, d’une bohème montmartroise qui l’inspire.

Portraitiste de génie, il immortalise les stars, d’Aristide Bruant à Jane Avril, d’Yvette Guilbert à Loïe Füller. Familier des maisons closes, il s’attache à la simple réalité quotidienne des prostituées. Le théâtre, le cirque, le vaudeville ou les scènes d’avant-garde pour lesquelles il conçoit programmes et décors, alimentent son goût insatiable pour la comédie humaine.

Julio Cortázar (1914-1984) naît à Bruxelles, il passe le reste de son enfance à Buenos Aires, auprès d’une grand-mère d’origine juive. Enfant, fréquemment malade, il lit des livres choisis par sa mère, dont les romans de Jules Verne. Après des études de lettres et philosophie, inachevées, il enseigne. En 1932, grâce à la lecture d’Opium de Jean Cocteau, il découvre le surréalisme. En 1944, il devient professeur de littérature française. En 1951, il émigre en France où il vivra jusqu’à sa mort. Il travaille alors pour l’UNESCO en tant que traducteur notamment de Defoe, Yourcenar ou Poe. Alfred Jarry et Lautréamont sont d’autres influences décisives. Il acquiert la nationalité française en 1981. Il meurt en 1984 à Paris, il est enterré au cimetière du Montparnasse.

Passionné de musique, de poésie, de peinture, il défend la dimension ludique de chacun avec une même ferveur et conviction au nom de la liberté et de la dignité.

L’œuvre prolifique et virtuose de Julio Cortázar se caractérise par la récurrence du fantastique, de l’absurde et du surréalisme, notamment dans son chef-d’œuvre, Marelle.

La bande-son est réalisée par Jean-Luc Massol.

La lecture seule a été rendue publique le 4 décembre 2021 dans l’auditorium du Musée Toulouse-Lautrec d’Albi et le 22 janvier 2022 lors des 6ème Nuits de la Lecture au Manding’art à Toulouse. La création du spectacle dessinée a eu lieu, avec grand succès à l’Auditorium de la Médiathèque de Mérignac (33) le 2 avril 2023.
Prochaine date : Dimanche 18 août 2024 à 17h45 au Théâtre des Nouveautés de Tarbes dans le cadre du festival Tarbes en Tango.
Vendredi 7 mars 2025 à 20h au Théâtre de Poche rue El Alamein à Toulouse.